La Tour d'Onyx

Biclion arriva vers la tour d'Onyx. Il la vit mais n'en fut pas du tout impressioné. Il la connaissait à travers les livres et il y était même peut être déjà venu il y a quelques siècles. Il vit les gardes et soupira discretement. Il avança et dit :

Salutations Messire, comment dois-je procéder pour obtenir une entrevue avec votre maître, le grand Seigneur d'Ilhicarda, Delvorash l'obscure ?

Les deux Gardes d'Onyx, membres de la garde personnelle de Delvorash, croisèrent leurs double-haches pour interdire l'entrée de la Tour à l'intru.

A moins que vous n'ayez reçu une convocation émanant des instances supérieures, vous n'avez rien à faire ici ! cracha le plus grand des deux et lançant un regard lourd de mépris au misérable qui osait demander un entretien avec Delvorash le Grand.

Biclion commençait à perdre patience, il se demandait s'il devait continuer à cacher son aura, mais il continua tout de même, personne ne devait savoir, enfin presque personne... il dit :

Non, Messires, vous ne m'avez pas compris... Je demande une entrevue avec Delvorash le Noir et votre avis ne m'importe guère. Appelez votre maître je vous prie.

Il se découvrit et laissa pendre sa longue barbe.

Voyez vous même, je suis innofensif...

Les deux gardes se regardèrent bouche-bée, interloqués par l'insolence de ce vieillard décatit.
Avec un rugissement de colère, le plus grand des deux leva son arme, près à décapiter le misérable, quand des volutes de ténèbres l'enveloppèrent et l'immobilisèrent et une voix inhumaine retentit :

Laissez entrer cet être, dit-elle avec une malsaine majesté. Lucius, ammène le moi !

Un mage, tout de noir vêtu, sortit de l'ombre et fit signe à Biclion de le suivre, tandis que le garde s'écroulait au sol en gémissant, brûlé par l'énergie négative.

Lucius conduisit le vieillard à l'intérieur de la Tour, et gravit les escaliers, l'entrainant vers les cieux. Après d'innombrables volés de marches, il s'arrêtèrent devant une porte d'airain, et Lucius frappa.

Entrez, répondit une voix humaine -rien à voir avec la voix magique entendue précédement-, et laisse nous, Lucius.

Celui-ci se retira, et dans la pénombre d'un sordide laboratoire, empli de cages et de matériel d'expérience en cristal, Biclion put entr'appercevoir une ombre qui se dirigeait vers lui. La forme inprésise flottait à moitié dans l'Aether et il était impossible de discerner précisément ses formes.

Parle, mage ! Qu'est-ce qui t'ammène en mon royaume ?

Biclion sourit, il savait à qui il avait à faire, et bien que cet être le répugnait, il savait qu'il devrait traiter avec lui. Il entra et vit plus précisément la silhouette du mage. Il dit :

Mage ? Aurais-je donc à un tel point perdu la main pour que le premier venu me reconnaisse ?

Il esquissa un grand sourire et continua :

Veuillez m'excuser Seigneur, mes plaisanteries m'échappent parfois. Je suis Biclion et comme vous l'avez deviné, je suis bien un mage. Je suis venu pour m'entretenir avec vous de mon plus grand projet. Et je pense que vous pouvez y trouver votre intérêt... Daignerez vous écouter un vieillard débile ?

Je suppose que cela aurait été vrai si j'avais été le premier venu, siffla Delvorash, répondant à la plaisanterie du vieillard.
Allez-y, parlez, et évitez de me faire perdre mon temps, mage !

Biclion toussota et répondit à l'impatient de façon légère :

Je comprends bien que vous soyez impatient, mais vu l'importance de la proposition que je vais vous faire, vous devriez prendre un peu de temps je pense.

Puis son ton devint sérieux :

Vous n'avez guère besoin de savoir qui je suis, peu importe, mais voila mon projet et mon avertissement :
Je sais de source sûre que le chaos s'active dans les terres de Létalian. Cette menace est plus sérieuse que les hommes le croient, je suis venu ici pour vous avertir que si personne ne fait rien, la fin de cette planète, ou tout au moins sa chute dans le chaos total est innévitable. Beaucoup d'humain pensent que les choses qui y habitent resteront sagement où elles sont, comme elles le font depuis des milliers d'années. Ceux-ci se trompent : les terres chaotiques s'activent énormément depuis la mort du demi-Dieu. Je suppose que ces temps vous sont inconnus...où peut être pas. En tout cas, aussi puissants que sont les continents, il est impossible qu'ils arrivent à les contenir et les anéantir, ni même les dominer sans l'aide des autres. Chaque magie en ce monde est liée aux autres, c'est l'essence de Viachcab qui les soudent. Si une source tombe ou est pervertie, c'est toute la magie et la planète qui l'est aussi. Je sais que vous n'êtes pas une personne à vous allier, et encore moins avec les mages bleus n'est-ce pas ? Mais je voulais vous dire qu'il fallait unir les terres si vous souhaitiez une infime chance de survie contre le chaos. Je suis certain de vous apprendre quelque chose en vous évoquant le fait qu'une capitale a même été créée en Létalian afin de mieux préparer l'ultime assaut, cette capitale se nomme Mégradour-Botakaga-Ougar et se résume en fait à un amas de forteresses et de casernes fortifiées. Les Seigneurs s'y succèdent rapidement mais font tout de même avancer cette immense machine de guerre....
Faites donc se que vous voudrai de cela mais je vous aurai prévenu au moins. Qu'en pensez vous ?

Delvorash sourit : ces nouvelles ne l'étaient qu'à moitié, et ne le surprenaient pas.

Je suis conscient du danger que représente le Létalian, et j'ai de nombreux projets. Mais m'allier avec la Simionnie n'est en aucun cas prévu... Peut-être son annexion, qui sait, mais j'ai des projets qui dépassent le plan matériel.
Si vous n'avez rien de mieux à me proposer, je vous en prie, ajouta t-il en désignant la porte.

Biclion parut vexé, il répondit sans bouger :

Eh bien...je m'attendait à une plus grande compréhension de la part d'un homme de votre intelligence. Quoiqu'il en soit, la Simnionie n'est pas le seul autre continent que le votre, j'avais pensé à des continents comme la Bigarie ou la Ptriochka. Réflechissez y Maître Noir et recontactez moi, vous trouverez comment. Mais une guerre inter-continentale affaiblirait vos chances de victoire, gardez cela à l'idée Delvorash. Et sachez aussi que vous pourriez marcher sur les Terres Obscures au lieu de convoiter celles de la clarté. Sur cela, au revoir Seigneur.

Il tourna finalement les talons et disparu rapidement dans les couloirs de la tour pour la quitter au plus vite, il avait d'autres personnes à voir.

Lucius sortit des ombres dans lesquelles il était tapis, et fit signe aux gardes de laisser passer la jeune fille.

Suivez-moi, dit-il simplement.

Il la conduisit jusqu'au laboratoire et frappa à la porte.

Qui ose me déranger ? demanda une voix sinistre.

Hem, Maître, l'élève d'Ilda la sorcière est ici... Elle désir vous v...

Fais la entrer, le coupa la voix, et laisse nous !

Lucius fit signe à Féodossia d'entrer, ferma la porte derrière elle, et redescendit les escaliers.

Le maître des lieux tournait le dos à l'apprentie d'Ilda. Il était penché sur un établi et mélangeait deux liquides dans une fiole.

La sorcière est donc morte. Ce n'était pas une question, juste une constatation. J'espère que tu as été une élève assidue, car si tu désire devenir mon apprentie, je ne tolérerait aucune erreur ni aucune insolence.

Il se mit soudain à rire doucement.

Le dernier de mes élèves qui s'est permit de me répondre s'est malencontreusement trouvé téléporté dans les Royaumes des Morts... Petite erreur de ma part... je me suis juste "trompé" de plan !

Il riait toujours en agitant sa fiole.

DAME Ilda,

répondit-elle en insistant sur le mot dame

nous a quitté, effectivement ! elle n'a pas eu le temps de terminer tous ses enseignements, et m'a demandé de venir vous rencontrer s'il lui arrivait malheur.

Je n'ai pas un besoin impératif d'une apprentie, déclara le nécromancien, tournant toujours le dos à la jeune femme, mais je veux bien vous prendre à l'essai, continua t-il en déposant sa fiole sur l'établi. Il prit une coupelle contenant un liquide violet et se retourna.

Venez ici, je vous prie.

Prenez cette fiole, dit Delvorash en désignant ladite fiole d'un signe de tête, et versez trois gouttes la-dessus, ajouta t-il en tendant la coupelle.
Faites attention, si vous en versez une de trop, la réaction qui en résultera risque d'anéhantir le laboratoire, dit-il tranquillement.

*Docile et adroite, parfait !*

Très bien, jeune fille, je vous félicite, dit Delvorash avec un hochement de tête. Il allait la flatter, voir ce qu'elle valait, lui faire faire connaissance avec la peur, peut-être même la douleur, et elle serait parfaite ! Docile, mauvaise, obéissante et compétente !

Comment vous appellez-vous ?

Féodossia BALVERDE, Monsieur

Appelle moi Maître ou Seigneur Delvorash, je te prie, dit-il en fronçant les sourcils.

Que sais-tu faire, Féodossia ? Quel sorts maîtrises-tu ?

Et bien, je sais stopper le temps et aussi lancer des boules de feu. Jai également le don de bicuité et lorsque je me sens en danger, je suis invisible

Vous avez d'intéressants dons, déclara le nécromancien, l'air songeur. Nous saurons les utiliser au maximum de leur potentiel !

Tu logera dans les plans Abyssaux, la prochaine fois que tu me parle comme ça, siffla Delvorash.
En attendant, tu occupera la salle 14 au deuxième sous-sol.

Le nécromancien griffona quelques mots sur un morceau de parchemin, signa et le tendit à Féodossia.

Avec ça tu aura accès au premier et au second sous-sol, ainsi que ce laboratoire. Les gardes te laisseront passer, mais ne t'aventure pas dans les autres parties de la tour. Tu pourrait y trouver des choses qui ne feraient qu'une bouchée de toi...
Et les gardes n'appréciront pas de te voir trainer n'importe où.

Il lui tendit la clé de la salle 14, et lui fit signe qu'elle pouvait se retirer.